Comment maintenir la QVT en télétravail ?
La période de confinement a été un challenge pour de nombreux salariés en télétravail. 50% d’entre eux souhaitent que leur entreprise les aide à mieux appréhender psychologiquement leur travail. Les employeurs ont donc renforcé les actions de prévention santé et ont lancé un panel d’initiatives en faveur de la QVT. Quelles sont les actions à retenir ? Quid des meilleures pratiques de QVT en distanciel ?
1. Détecter les risques : des outils pour écouter les salariés en continu
45% des salariés français se sentent “plus fatigués physiquement et psychologiquement” qu’avant le début de la crise sanitaire1. Avant de lancer des initiatives QVT, il est impératif de détecter et comprendre les “signaux faibles” (fatigue, isolement, burnout…) via une écoute des ressentis des salariés. Quel système d’écoute envisager ?
– Des enquêtes régulières : les sondages, baromètres ou pulse surveys sont des moyens efficaces pour détecter rapidement les signes de détresse ou des comportements à risque au sein d’équipes et mettre en avant les facteurs potentiels de mal-être.
– Des ateliers d’expression (à distance ou en présentiel) : ces temps d’échange par groupe de 10 maximum visent à évacuer les tensions et à partager les expériences plus ou moins compliquées vécues lors de la période de Covid.
2. Être à l’écoute : l’appui de psychologues et de “bienveilleurs” internes
Le télétravail a accru les risques psychosociaux : 44% des salariés sont toujours en détresse psychologique. Pour mieux les prévenir et les accompagner, deux grands types d’initiatives ont été lancées pendant la pandémie :
– Une cellule d’écoute téléphonique psychologique afin de suivre les populations les plus sensibles et plus difficilement détectables car peu enclines à se confier. Les cabinets de conseil tels que Eurogroup ou Bearingpoint ont mis en place ce dispositif dès le début de la crise pour aider leurs salariés.
– Création d’un réseau d’ambassadeurs santé, les “bienveilleurs” : nés à Montréal sous le nom de “salariés sentinelles”, les “bienveilleurs” sont des collaborateurs volontaires qui veillent, sur le terrain, au bien-être de leurs pairs. Connectés aux équipes, ils sont les mieux à même de détecter les situations à risque et de remonter les alertes.
3. Encourager l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
Depuis le début de la pandémie, 45% des salariés affirment avoir rencontré des difficultés telles que le déséquilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. En cause, un télétravail, parfois forcé, qui a favorisé le “blurring” dans le quotidien des salariés avec une injonction à la connexion permanente. Or, c’est un terrain glissant menant souvent à l’épuisement professionnel ! D’autres effets connexes apparaissent tels que le « Zoom burnout » ou la « Zoom fatigue”. En référence à l’outil de visioconférence, cet épuisement cognitif est induit par une sur-utilisation de ce moyen de communication.
Comment agir et favoriser la déconnexion ?
– Instaurer des formations auprès des salariés sur la gestion du temps et les pratiques de déconnexion.
– Lancer des “sessions détente” pour encourager les pauses dans la journée : relaxation, yoga, sophrologie, sport… Elles peuvent être virtuelles ou en physique en fonction du format de travail, qu’il soit mixte ou en 100% “remote”. Altran a notamment lancé “Altran@Home”, du coaching sportif afin de maintenir les salariés en bonne santé en télétravail.
– Accompagner les managers dans leur gestion des équipes en télétravail pour poser les bonnes habitudes de travail.
– Créer une charte du télétravail autour des enjeux de la déconnexion afin de bâtir une relation plus saine aux outils numériques.
4. Maintenir la cohésion sociale malgré la virtualisation des lieux de travail
41% des salariés en télétravail ont vécu une dégradation du lien social. En effet, travailler à distance implique parfois un sentiment d’isolement. Il faut donc réinventer les moments de cohésion sociale afin de maintenir le lien et la proximité… malgré la distance.
Quelles actions privilégier ?
– Imaginer des formats informels et novateurs avec vos salariés : e-dejeuners, pauses café distancielles, discussions thématiques ou encore e-ateliers créatifs. Au sein d’Axa, les “Mystery meeting” favorisent le lien inter-équipes : les salariés volontaires reçoivent une invitation pour un “chat” de 30 minutes sans savoir qui sera le collègue qu’ils vont rencontrer !
– Opter pour des formats plus formels dédiés aux projets d’entreprise : des ateliers de travail sur le retour au bureau, les enseignements de la crise, un brainstorming sur l’avenir de l’entreprise ou sa raison d’être sont des projets motivants et fédérateurs. Pendant la crise, Blablacar a réuni ses salariés dans une salle virtuelle pour un hackathon (projet d’innovation) de trois jours. Le but : booster l’intelligence collective et imaginer un nouveau service pour aider les personnes pendant la crise. Une semaine plus tard, l’entreprise dévoilait une application qui permet aux utilisateurs de la plateforme de proposer leur service afin de réaliser des courses de première nécessité pour leurs voisins.
La QVT est l’un des enjeux clés de la réussite du “retour au bureau”. Que le format de travail soit mixte ou à 100% en distanciel, les entreprises doivent réinventer leur démarche pour assurer le bien-être des salariés après des mois d’une crise sans précédent.