De la RSE à l’entreprise à mission

Si la RSE avait permis d’ouvrir les consciences, la raison d’être et l’entreprise à mission instaurées par la loi PACTE doivent permettre d’aller plus loin pour une société plus durable et plus écologique.

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Le monde d’après. L’expression mainte fois répétée comme un mantra pendant le premier confinement a forcément suscité espoir, fantasme et son lot de déceptions. Selon une étude menée par le Boston Consulting Group, en partenariat avec l’Association Française des Entreprises pour l’Environnement (EpE)40 % des entreprises interrogées s’attendent à ce que les investissements liés à la RSE soient retardés du fait de la crise. Alors même que 85 % des Français sont convaincus que les entreprises auront un rôle clé à jouer pour une société plus durable et plus écologique. La RSE a donc le vent en poupe, ou plutôt la post-RSE, selon une expression de plus en plus en usage. 

Dépasser le greenwashing avec la loi PACTE 


La responsabilité sociétale des entreprises 
(à ne pas confondre avec le RSE, réseau social d’entreprise…) est née il y a quelques décennies avec la prise de conscience des entreprises de l’impact qu’elles pouvaient avoir sur leur écosystème. Après la loi NRE en 2001 et la directive européenne sur le reporting extra-financier transposée par la France, les notions d’intérêt social, de raison d’être et de société à mission ont fait aussi leur apparition depuis la loi PACTE du 22 mai 2019. Si la première concerne plutôt la prise en considération des enjeux sociaux et environnementaux dans la définition de l’intérêt social des sociétés, la seconde fixe une ligne de conduite à suivre en définissant une raison d’être dans les statuts des entreprises. 

S’engager avec les entreprises à mission

 

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Dans ces deux strates d’engagement, l’intention est louable mais n’est pas obligatoirement accompagnée de dispositif d’évaluation et de transparence. On est plus de l’ordre de la déclaration d’intention. Pour les entreprises qui voudraient aller plus loin et s’engager pour que bien commun et performance économique soient compatibles, le statut d’entreprise à mission est possible. Une fois déclarée sa qualité de société à mission au greffe du tribunal de commerce, cela engage la structure sur des objectifs sociaux et environnementaux précis, validés par un organisme tiers. Toute entreprise est concernée, quels que soient sa taille et son secteur d’activité.

Des résultats encourageants 


Même s’il est encore un peu tôt pour tirer un enseignement probant, surtout 
qu’il n’existe pas pour le moment de dispositif de collecte systématique d’informations sur le sujet, le premier rapport annuel du comité d’évaluation de la loi Pacte permet néanmoins d’en apprécier l’adhésion par les entreprises. Une soixantaine de sociétés se sont dotées d’une raison d’être avec une prédominance des enjeux sociaux (réduction des inégalités, croissance inclusive, etc.), suivis par les enjeux environnementaux (réduction de l’impact environnemental, financement de la transition écologique, etc.), et dans une moindre mesure les enjeux liés à la gouvernance et à l’économie.  

Un effet boule de neige

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Côté entreprise à mission, elles sont à ce jour une vingtaine à s’être emparées du sujet selon le rapport, quand l’Observatoire des Sociétés à Mission évoque un nombre multiplié par 3 en 6 mois avec 150 entreprises. Autre point positif, la mise en œuvre des dispositions ne paraît pas avoir été perturbée par la crise. Pourtant selon Valérie Schneider, experte en responsabilité sociétale, économie circulaire et numérique durable, « même si l’on constate un effet boule de neige avec les plus grandes entreprises qui entraînent leurs partenaires et prestataires dans cette démarche, la plupart des TPE/PME ne sont pas encore sur ces sujets, souvent par manque de temps ou de moyens ».

Les exemples de Yves Rocher et Nutriset

 

IMG7_articleCSRParmi les pionniers, citons le groupe Yves Rocher. L’année de ses 60 ans, le géant de la cosmétique a adopté le statut d’entreprise à mission autour du slogan « Reconnecter les gens à la nature ». Il prévoit notamment de créer une Nature Academy pour former 100 % de ses salariés aux enjeux du développement responsable, mais aussi d’œuvrer en faveur de la biodiversité et de l’agroécologie avec l’objectif des 200 millions d’arbres replantés d’ici à 2020. Dans un autre secteur, et à une autre dimension puisque l’entreprise ne compte qu’environ 200 salariés, Nutriset est la première entreprise française à s’être dotée d’un objet social étendu. Son ambition, « apporter des propositions efficaces aux problématiques de nutrition/malnutrition », a permis ensuite de décliner la vision de l’entreprise en neuf engagements collectifs.

Une démarche progressive et collective

 

IMG10_articleCSRMais une telle métamorphose ne s’improvise pas. Pour mettre en œuvre ce type de démarche, il apparaît nécessaire d’étudier au préalable son écosystème, les parties prenantes et les enjeux auxquels est confrontée l’entreprise. N’hésitez pas non plus à identifier ce qui déjà été enclenché en interne car bien souvent « beaucoup d’entreprises font de la RSE sans le savoir, ou en tout cas sans l’avoir formalisé, souligne Valérie Schneider, ensuite il s’agit de mettre en place une démarche progressive d’amélioration continue avec des indicateurs précis, d’y impliquer les salariés et partenaires dans une logique collective « pour plus d’efficacité et pour que ça ne soit pas perçu comme une obligation de la direction ».