Le live streaming en entreprise se réinvente

2020 a marqué l’explosion des contenus diffusés en direct, pandémie et nécessité de créer du lien obligent. En 2021, dans les entreprises, ce format monte encore d’un niveau en intégrant la notion d’interactivité. Étude de cas au sein du groupe Crédit Agricole S.A. 

« Il faut remédier à la lassitude digitale », résume Laure-Émilie Séguéla. Pour la responsable du Pôle Parcours Client et Projet chez Crédit Agricole CIB (BFI du groupe Crédit Agricole), le constat est sans appel, tandis qu’elle et la quasi-intégralité de ses collègues sont en télétravail depuis plus d’un an. Les rendez-vous d’entreprise s’organisent par écrans interposés et retenir l’attention de son audience est plus que jamais une préoccupation pour les organisateurs. Pour se faire, ils peuvent compter sur une nouvelle alliée : l’interactivité !

Sphère corporate : le live devient ludique

Lors de webinaires ou conférences, il est désormais courant de lancer un quiz via le canal de tchat ou d’y organiser la traditionnelle session de « questions-réponses ». Mais, à raison de plusieurs rendez-vous du genre chaque trimestre, cela ne suffit plus à captiver les salariés. Il faut les faire participer, les rendre acteurs, voire les divertir. Bref, interagir.

Premier essai, en décembre dernier chez Crédit Agricole CIB, avec le « Virtual Town Hall », une prise de parole du directeur général devant 8 000 collaborateurs, basés partout dans le monde. Filmée dans l’amphithéâtre du Campus, pensée comme un « Ted x » et placée sous le signe de la spontanéité, cette intervention permettait, pour la première fois, de convier un nombre de collaborateurs (presque) illimité à une conférence à portée stratégique.

Toujours au sein du Groupe Crédit Agricole (CA-S.A.), la direction des Ressources Humaines Groupe a modernisé son format de web-conférence. Berenika Balamou, responsable projets développement RH, explique : « A l’occasion de notre ‘’Mois de la diversité’’, l’un des webinaires que nous diffusions en direct était traduit en simultané dans plusieurs pays où nous sommes implantés. Nous avons pu compter, entre-autres, sur les compétences de nos interprètes internes. Par ailleurs, les animations prévues par nos intervenants étaient disponibles en français et anglais pour qu’un maximum de collaborateurs puissent participer ».

Le marketing, nouvel ingrédient du live

Mais même avec de telles promesses, comment s’assurer que les collaborateurs répondront présents ? « Nous n’avons pas fait d’annonce spécifique autour de ce premier live multilingue mais nous avons inclus l’invitation dans la communication globale autour de notre mois de la diversité, qui était déjà un évènement en soi », reconnait Berenika. De petits rappels dans les canaux internes et via les réseaux sociaux, à J -7, J -1 et le jour -J auront tout de même suffi à provoquer 800 inscriptions.

L’évènementialisation du rendez-vous peut toutefois jouer un rôle important et le Virtual Town Hall s’est, lui, inscrit dans une séquence de communication plus large. « A l’époque, nous déployions les contenus de fin d’année, synonymes de moments festifs et conviviaux. En plus d’un ton naturellement plus léger, tous ces contenus, ainsi que l’évènement lui-même, possédaient une identité graphique et sonore spécifique », précise Laure-Emilie. Les décors, le jingle et l’habillage vidéo du Virtual Town Hall faisaient ainsi écho à d’autres supports avec lesquels les salariés étaient déjà familiers : newsletters, intranet, animation vidéo, affiches, carte de vœux.

Peut-on improviser sa prestation live ?

Une fois tous ces dispositifs de communication déployés, et le rendez-vous pris, un facteur est toutefois à garder à l’esprit pour que le live soit une réussite. « La technique a assurément été notre plus gros défi. Et plus précisément l’aspect IT, puisqu’il fallait s’assurer que la bande passante serait suffisante », précise Laure-Emilie. Ainsi, les équipes de CACIB ont effectué un important travail de sensibilisation et de pédagogie en amont de la conférence. « Un recueil de bonnes pratiques a été partagé aux collaborateurs pour s’assurer que chacun puisse se connecter dans les meilleures conditions le moment venu ». Même son de cloche chez CA-S.A., malgré un dispositif global plus modeste.

L’accompagnement s’est aussi fait avec des prestataires extérieurs, notamment lorsqu’il a fallu gérer la captation et le mixage, la retransmission et l’habillage en direct du Virtual Town Hall. Il est en effet courant pour les entreprises de s’entourer de professionnels, pour offrir aux collaborateurs-spectateurs une expérience interactive inédite et sans accroc. Indispensable pour ne pas tomber dans le cercle pernicieux de cette lassitude digitale.