Les confinements successifs et le développement du télétravail ont accéléré la transformation digitale des entreprises jusque dans leurs activités de formation. Favorisées par la crise sanitaire, les sessions dispensées à distance vont–elles pour autant devenir la règle et s’imposer face aux autres modalités de formation ? 

Dans le contexte inédit de la crise sanitaire, les entreprises ont largement adapté leur offre de formation en 2020. C’est ce qu’affirment 88 % des DRH français et 89% de leurs homologues européens interrogés dans le cadre du baromètre européen de la Cegos réalisé en France mais aussi en Allemagne, en Italie et en Espagne, auprès de 254 directeurs des ressources humaines ou de la formation et 1 783 salariés. 

Cette adaptation de l’offre de formation des entreprises a permis de maintenir l’accès à la formation durant la crise sanitaire. Celle-ci s’est développée via des dispositifs distanciels, tout en prenant en compte des nouveaux besoins des collaborateurs : management à distance, télétravail, gestion du stress…  

Les résultats du baromètre soulignent également l’accélération de la digitalisation des formations en raison de la crise liée à la Covid-19. Selon 86 % des DRH français et 81 % des DRH des autres pays, les formations organisées par leur entreprise vont désormais davantage se tenir à distance. Cette tendance se traduit, pour les DRH français, par des classes virtuelles / webinars (63 % des répondants), des modules e-learning (55 %) et d’e-tutorat (18 %). Les DRH européens ont cité ces modalités à 74 % (classes virtuelles / webinars), 54 % (e-learning) et 24 % (e-tutorat). 

2020, point de bascule
vers la formation en distanciel
pour les organismes spécialisés

 

Les acteurs du marché de la formation professionnelle – les organismes de formation – ont eux aussi connu une accélération de la digitalisation de leur activité. Selon une enquête menée par Digiforma (éditeur d’un logiciel de gestion de la formation) auprès de 835 organismes de formation en octobre dernier, l’année 2020 a véritablement constitué un point de bascule vers le distanciel. Près de trois organismes de formation sur cinq ont en effet poursuivi, au moins partiellement, leur activité grâce à des formations dispensées à distance. Une grande majorité (85 %) de ces formations distancielles ont pris la forme de classes virtuelles, mais on retrouve aussi 5% de séquences d’e-learning pures, ainsi qu’un mix des deux à hauteur de 10%.   

Formations distancielles et présentielles : un nouvel équilibre à trouver 

 

Le distanciel va-t-il s’imposer comme la principale modalité de formation désormais ? Mathilde Bourdat, Manager offre et expertise formation au sein du groupe Cegos, citée dans le baromètre européen 2020 de son employeur, est mitigée : « Cette montée en puissance inéluctable des formations en ligne ne signifie pas un passage dès demain au 100 % distanciel. De nouveaux équilibres sont à trouver entre classes virtuelles, formations en situation de travail et formations présentielles, puisque chaque modalité répond à un besoin et un objectif précis. C’est l’articulation entre toutes ces modalités qui permettra de construire des parcours mixtes au plus près des réalités professionnelles et donc performants. » 

 Une analyse que partage Unow, organisme de formation 100 % à distance, dans une étude nationale qu’il a menée auprès de 600 fonctions RH et formation d’entreprises en juin et juillet 2020. Selon 71 % des répondants, la modalité dominante sera désormais le blended learning. Cela désigne les dispositifs de formation articulant du présentiel et du distanciel au sein d’un même parcours pédagogique.  

 « Parmi les entreprises qui vont désormais privilégier le blended learning dans leurs plans de développement des compétences, les actions 100 % présentielles passent derrière les actions 100 % distancielles, du jamais vu dans le secteur de la formation professionnelle ! Cela reflète un changement radical dans les pratiques », note Yannick Petit, le P-DG de Unow, cité dans cette étude. 

 On le voit, même si la crise sanitaire a dopé le recours aux formations dispensées en distanciel, ces dernières restent pour le moment une modalité de formation parmi d’autres. Elles s’inscrivent dans un dispositif plus global incluant formations en présentiel, sessions en situation de travail et classes virtuelles / webinars. 

La présence, le contact humain, le lien, les échanges au sein d’une même salle de formation ne pourront jamais être remplacés. Et pour certaines formations, le distanciel est vraiment déconseillé. C’est le cas, par exemple, des formations à la prise de parole ou même des formations commerciales, où les mises en situation et les jeux de rôles sont indispensables au bon apprentissage des participants.