Quand l’IA tient la plume des communicants

L’intelligence artificielle propose aux professionnels de la communication d’optimiser leurs contenus voire de les rédiger.

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Objet de tous les fantasmes et de toutes les craintes, on prête beaucoup de pouvoir à l’intelligence artificielle. Aucun secteur n’est épargné. Dans l’industrie, l’IA permet d’optimiser la chaîne logistique ou de passer à la maintenance prédictive. Dans la banque, elle permet de personnaliser le service client ou de de lutter contre le blanchiment d’argent.

Nulle raison que le secteur de la communication résiste à cette vague de fond. L’IA a, en effet, beaucoup à lui apporter. Déchargés des tâches répétitives et chronophages, les communicants pourront se concentrer sur des actions à plus fort enjeu et exigeant une dimension humaine.

Les apports de l’IA commencent dès la conception des contenus. Les deux leaders du traitement de texte – Microsoft et Google – font, par exemple, appel aux technologies du machine learning pour nous aider à rédiger plus vite tout en améliorant notre style.

Déjà à l’œuvre dans Gmail, Smart Compose pour Google Docs prédit ce que l’utilisateur s’apprête à écrire. Cette fonctionnalité complète non seulement vos débuts de phrase mais corrige rétroactivement vos fautes d’orthographes et erreurs de grammaire. Elle repose sur le principe de l’auto-complétion que tout un chacun a pu tester en rédigeant une requête dans un moteur de recherche.

Le nouvel « éditeur » de Microsoft Word a, lui, vocation à améliorer la lisibilité de nos écrits en nous suggérant de nouvelles tournures de phrases pour rendre le texte plus concis, claire et inclusif. Il pointe notamment des termes ou des expressions qui présentent des difficultés de compréhension. Microsoft prévoit également de lancer à destination des journalistes ou écrivains un « vérificateur de similarité » pour faire la chasse aux copier-coller et aux plagiats.

Les journalistes et les RP aidés ou menacés par les bots ?

 

L’IA épaule les journalistes dans leur travail de veille ou de vérification des faits. Elle les aide également à « bonifier » une enquête en consolidant des données statistiques tout en les déchargeant des articles sans valeur ajoutée qui suivent la même trame comme des comptes-rendus de séances boursières, d’événements sportifs ou de résultats électoraux (source France Culture).

Illus3L’IA est également performante dans la curation de contenus. Microsoft vient de remplacer ses journalistes par des bots qui alimenteront automatiquement les fils d’actualité de son portail MSN (source Le Figaro).

Les relations presse sont aussi concernées. Des plateformes comme celle d’Augure permettent d’évaluer l’impact de deux versions d’un communiqué de presse comme une sorte d’AB testing. Pour éviter les envois indésirables, le traitement du langage naturel permet d’identifier les journalistes ou les influenceurs qui ont déjà traité le sujet évoqué dans le CP.

On peut aussi imaginer un chatbot qui, en l’absence d’une attachée de presse, répondra aux questions récurrentes des journalistes pour une entreprise donnée, voire organisera automatiquement une interview en coordonnant les agendas.

Le robot Flint propose déjà de recevoir des newsletters quotidiennes personnalisées reprenant des articles correspondant à vos centres d’intérêts. Flint a aussi des petits frères comme Gordon, spécialisé dans la banque et les fintechs, ou Jeff, dans la presse.

L’IA n’a pas qu’un rapport froid à l’écrit. La manière dont une personne s’exprime dit beaucoup d’elle. L’analyse sémantique des verbatims clients permet notamment de déceler la charge émotionnelle contenu dans un message en fonction du champ lexical, des expressions utilisées, de l’occurrence de certains mots-clés. Un service client peut ainsi, en fonction du ton employé, classer les messages, les hiérarchiser voire y répondre… automatiquement.

 

Un formatage des esprits ?

 

Illus5L’emprise croissante de l’IA sur le monde de la communication ne va pas sans soulever quelques questions, par ailleurs partagées par d’autres professions. Au-delà des menaces sur l’emploi, le recours généralisé à ce type d’algorithme fait craindre un formatage des esprits ou, tout du moins, une absence de jugement critique.

Conçus le plus souvent par de jeunes ingénieurs de la Silicon Valley ces modèles ne prennent pas toujours en compte la société dans sa diversité, notamment sa part féminine. Pour éviter l’effet « boîte noire », les éditeurs gagneraient à expliquer comment fonctionnent leurs algorithmes et sur quels critères reposent les résultats obtenus.